04/04/2022

Credit Suisse a publié ce lundi ses réponses à la demande d’information déposée par la Fondation Ethos et sept caisses de pensions suisses sur les affaires « Greensill » et « Suisse Secrets ». Ces réponses sont une première étape pour permettre aux actionnaires de mieux comprendre l’affaire Greensill. Ethos considère néanmoins qu’elles restent insuffisantes et maintient par conséquent sa demande de contrôle spécial lors de l'assemblée générale du 29 avril afin qu’elles soient analysées et validées par une tierce partie indépendante.

Comme annoncé la semaine dernière, Credit Suisse a rendu publiques ce lundi ses réponses aux questions envoyées par Ethos concernant les affaires « Greensill » et « Suisse Secrets ». Ces réponses font suite au dépôt d’une demande de renseignements et de contrôle spécial au sujet de ces deux affaires effectuées le 11 mars dernier par Ethos et sept caisses de pensions suisses.

Ethos apprécie cet effort de transparence qui permet aux actionnaires de mieux comprendre les éléments qui ont conduit à la débâcle et à la fermeture des fonds « Supply Chain Finance » activement proposés par Credit Suisse Asset Management à ses clients jusqu’à la faillite de son partenaire Greensill en février 2021. Ces réponses contiennent également des informations concernant les mesures que la banque a déjà mise en place ou compte mettre en place pour éviter que de tels scandales ne se répètent à l’avenir. Cela est d’autant plus nécessaire que le conseil d’administration de la banque avait finalement refusé de publier les principales conclusions du rapport d’enquête réalisé par le cabinet d’avocats Walder Wyss au sujet de l’affaire Greensill.

Toutefois, après une analyse approfondie Ethos considère que ces réponses restent insuffisantes. En particulier, il semble pour le moins étrange que le conseil d’administration n’ait eu connaissance des difficultés de Greensill qu’en février 2021, comme l’affirme la banque, alors que plusieurs signaux auraient pu l’alerter bien avant, tels que l’annulation de son entrée en bourse prévue au dernier trimestre 2020 ou le fait, comme l’avait rapporté des médias, qu’aucun grand cabinet d’audit n’avait alors accepté de reprendre le mandat d’auditeur de Greensill. Il semble tout aussi surprenant que la résiliation des contrats d’assurance de Greensill n’ait été communiquée à la banque que six jours avant l’échéance alors même qu’ils étaient des éléments clés du profil de risque des fonds distribués par Credit Suisse. 

Par ailleurs, Credit Suisse n’a pas accepté à ce stade de faire vérifier certaines de ses réponses par un réviseur indépendant dans le cadre d’une procédure allégée de « negative assurance », ce qui était une condition d’Ethos pour retirer sa résolution d’actionnaires demandant un contrôle spécial de la banque. « Cette démarche aurait été pourtant plus simple et plus rapide qu’un contrôle spécial et aurait permis de lever certains doutes », regrette Vincent Kaufmann, directeur d’Ethos. 

Au vu de doutes qui subsistent concernant l’exhaustivité des réponses de Credit Suisse et du fait que la banque n’est pas en mesure de fournir une « negative assurance » d’une partie indépendance pour l’instant, Ethos a décidé de maintenir sa demande de contrôle spécial. Les actionnaires décideront ainsi lors de l’assemblée générale du 29 avril prochain s’ils souhaitent que les réponses apportées par Credit Suisse soient revues par un expert indépendant désigné par un juge. Ethos, de son côté, appelle tous les actionnaires à faire valoir leurs droits de vote et leur recommande d’approuver le point 8 de l’ordre du jour.

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